Sur les traces de Jules Verne
Né à Paris en 1856 et mort en 1915, Paul d’Ivoi, de son vrai nom Paul Deleutre, est issu d’une famille d’écrivains signant de père en fils sous le nom de d’Ivoi (Edouard Deleutre, son grand-père, a collaboré sous le nom de Paul d’Ivoi à de nombreux journaux, son père, Charles Deleutre, qui signait soit Paul d’Ivoi, soit Charles de Leutre, a publié un Précis de l’histoire de l’Art).
Paul d’Ivoi fait ses débuts comme journaliste à "Paris-journal" puis au "Figaro", avant de devenir critique littéraire au Globe. Il restera toute sa vie, avec Louis Boussenard, l’un des piliers du "Journal des voyages".
Paul d’Ivoi connaît la célébrité avec le premier roman de ses "voyages excentriques" : Les cinq sous de Lavarède paru en 1894 dans "Le petit journal" et écrit en collaboration avec Léon Chabrillat. Nombre de ses récits seront publiés sous des titres différents au rythme d’un ouvrage par an.
On retrouve dans son style bien des points communs avec Jules Verne sans jamais l’égaler néanmoins. Ils cherchent à instruire en distrayant et proposent, à travers les aventures de leurs héros, une découverte du monde et de ses curiosités. D’Ivoi imagine des inventions extraordinaires ou des extrapolations dans la plus grande modernité comme par exemple dans Corsaire Triplex qui décrit non seulement un sous-marin, mais aussi des téléphones ou un cinématographe. Comme chez Verne, cette fascination pour la modernité est souvent mêlée à l’angoisse : des aéronefs sèment la mort par des nuages réfrigérants comme avec Les Dompteurs de l'or de 1913.
Dans "Les cinq sous de Lavarède", le héros "Lavarède" qui réapparaît dans de nombreuses œuvres, voyage en cercueil et les armes employées sont aussi bien futuristes que fantastiques comme les pouvoirs brahmaniques du Dr Mystère. Il est gouailleur, farceur, débrouillard, un peu joli cœur et ne recule devant aucune malhonnêteté pour parvenir à ses fins, même si son sens de la justice est indéfectible. Lavarède donne une bonne idée de l'image que les Français avaient d'eux-mêmes à cette époque.
D’Ivoi s’est illustré dans un certain nombre de récits patriotiques mettant en exergue sa veine patriotique : les ennemis sont inévitablement soit des Allemand, soit des Anglais qui menacent les intérêts Français témoignant d'une volonté de créer un roman d'aventures à la Française capable de concurrencer le roman d'aventures Britannique qui règne en maître à l'époque.
source : Matthieu Letourneux