L'un des auteurs les plus originaux de sa génération
Fritz Reuter Leiber est né le 24 décembre 1910 aux Etats-Unis d’une famille d’origine Allemande. Il passa une grande partie de son enfance avec sa grand-mère pendant que ses parents, acteur de théâtre et de cinéma, étaient en représentation. Durant cette période, Leiber lut beaucoup des auteurs comme Edgar Rice Burroughs, H.P. Lovecraft et Edgar Allan Poe. Il fit ensuite des études à l'université de Chicago, en psychologie et en physiologie, puis passa une année entière dans un séminaire de théologie. En 1936, il épouse Jonquil Stephens, une poétesse galloise, qui se passionne, également, pour le fantastique et qui lui donnera, 2 ans plus tard, un fils : Justin. Leiber, ensuite, fera une brève apparition au cinéma sous la pression de son père.
Leiber qui entretient alors une correspondance avec H.P. Lovecraft, tente d'écrire des nouvelles de fantastique mais sans grand résultat. C'est seulement en 1939 que John W. Campbell publie dans sa toute nouvelle revue "Unknown" le premier texte de Leiber "The jewels in the forest", une nouvelle de Fantasy. Campbell le qualifiera, ensuite, d’auteur trop lent. En 1941, Leiber devint professeur d'art dramatique puis à la fin de la guerre, rédacteur en chef d'une revue de vulgarisation scientifique "Science Digest". Son premier roman important de SF est A l'aube des Ténèbres en 1950, dont le sujet, profondément original, est la lutte entre un pouvoir religieux, qui règne sans partage et utilise la science travestie en foi pour assurer leur mainmise sur le peuple, et la résistance. A partir de 1954, arrive une période où il sombre dans l'alcool et le surmenage qui le conduisent dans un état dépressif jusqu'en 1957.
Il effectue un grand retour en 1957 avec son roman "Le Grand jeu du temps" qui lui vaut le prix Hugo et qui est fortement marqué, dans sa forme, par la formation théâtrale de Leiber. Cette œuvre s'inscrit dans le cadre du Cycle de la Guerre Modificatrice (The Change War), qui met en conflit deux groupes, les Serpents et les Araignées, s'affrontant sur notre planète à grand coups de voyages dans le temps…
Leiber est connu surtout pour son cycle des Epées commencé avec son ami d’université Harry Fischer et qui mettent en scène 2 personnages très attachants: "Fafhrd" et "le souricier gris". Le souricier est petit, mince, est né dans le bouge de quelque ville côtière et possède une longue rapière. Il sait vider les bourses de ses amis sans que ceux-ci s'en aperçoivent. Fafhrd est un géant blond qui vient des brouillards glacés du nord: il a une grande épée et ces deux bandits au grand coeur errent dans le royaume de Lankhmar, à la recherche du bonheur perdu. En chemin, ils philosophent et entre deux combats avec des sorciers ou des dragons, ils discutent des mérites respectifs de leurs épées. Ils sont ainsi constamment à la recherche de nouvelles aventures et d'argent, vendant leurs services de mercenaire au plus offrant. Ce cycle est dans le genre le plus pure et la plus classique de la Fantasy : l’Heroic Fantasy. Leiber est d'ailleurs l'un de ceux qui vont imposer le terme de "Sword and Sorcery" pour décrire cette variation de la Fantasy pleine d'aventures avec plus ou moins de magie. Ces récits eurent un tel succès parmi les amateurs que Leiber est depuis surtout considéré comme un auteur de "Fantasy", dans la tradition de Robert E. Howard, plus qu'un auteur de SF proprement dit alors que depuis ses débuts il n'a jamais cessé d'écrire de la SF de grande qualité.
Son plus grand roman de Science-Fiction est Le vagabond, qui reçu le prix Hugo en 1965, où à travers une multiplicité de personnages on découvre les ravages causés sur la Terre par l'intrusion d'une planète étrangère dans le système solaire. Le système narratif éclaté est une nouveauté à l'époque et a été beaucoup imité depuis. Récompensé par 6 prix Hugo et 4 prix Nebula, beaucoup traduit en France, très apprécié par la critique, Leiber reste cependant très peu connu du grand public, dans l'ombre des autres grands de l'age d'or.