Pape du Cyberpunk, malgré lui !
William Ford Gibson est né le 17 mars 1948 à Conway, près de Myrtle Beach en Caroline du Sud. Il est le fils unique d’un entrepreneur civil. Après la mort de son père, il passe son enfance auprès de sa mère en Virginie. A 19 ans, il quitte les Etats-Unis pour le Canada afin d’éviter son service militaire durant la Guerre du Vietnam et depuis 1972, il vit à Vancouver avec sa femme et ses deux enfants.
Gibson écrit ses premières nouvelles à la fin des années 70 dans des magazines de SF. Lorsque sort son premier roman en 1984, Neuromancien et malgré qu’il soit un jeune auteur presque inconnu c'est un succès fulgurant, et tous les prix lui sont décernés : Hugo, Nebula et P.K.Dick. Son livre devient l'emblème d'un nouveau courant de la SF, déjà apparu depuis quelques années : le cyberpunk. Le cyberpunk décrit un monde hyper-informatisé de mégalopoles en décrépitudes, de luttes de corporations sans âme où les hackers au cerveau directement branché sur le silicium plonge dans un monde virtuel : le cyberespace, dont on lui doit la paternité du terme. Ses deux romans suivants, Comte zéro et Mona Lisa s'éclate constituent des suites au "Neuromancien", bien que pouvant se lire indépendamment.
Gibson est immédiatement proclamé chef de file de ce genre. Le plus surprenant c’est qu’à cette époque, Gibson ne savait rien des ordinateurs, il n’en possédait même pas ! C’est uniquement grâce à son imagination et à des informations récoltées çà et là qu’il parvint à le publier. Même si il admet aujourd’hui disposer d’un ordinateur portable il déclarait, il y a peu, ne pas avoir de modem... un comble pour la légende vivante du Réseau des réseaux. Une chose est sûre, il n’a pas d’adresse électronique : “Je ne veux pas avoir d'adresse e-mail, parce que je ne veux pas avoir trop de courrier.” !
Le temps d'un roman, Gibson écrit avec Bruce Sterling La machine à différences créant un nouveau sous-genre qu'on a appelé le Steampunk qui s'efforce d'imaginer comment le passé aurait pu être différent si le futur s'était produit plus tôt, sorte de pratique du futur antérieur plutôt que du futur. Le résultat est un livre-pionnier baroque, un surprenant roman d'aventures, mêlant espionnage et science-fiction, bouillonnant, violent, mais demandant une lecture attentive.
Auteur peu prolifique, Gibson a consacré la majeure partie de son oeuvre à des textes cyberpunk cependant ses ouvrages les plus récents semblent s'éloigner de ces archétypes pour se rapprocher d'un style plus classique. Dommage car là où il excelle, c’est lorsqu’il nous révèle de quoi sera fait demain avec des références d’aujourd’hui. Gibson ne fait qu’effectuer une projection dans un futur... proche !